LUI. Moi-m?me je ne comprends pas. ?a fait si longtemps que je n’ai pas еprouvе ?a. Je pensais que jamais plus je ne l’еprouverais… C’est pourquoi j’ai eu peur. Toi et moi, c’est comme deux papillons attirеs par un feu… Bien que nous sachions comment cela peut se terminer. Mais ?a m’est еgal. S’il faut aller au feu, eh bien, soit!
ELLE. (Avec douceur.). Tout doux. Assieds-toi.
Il s’assoit.
ELLE. Et maintenant, dis-moi, pourquoi tu es quand m?me revenu.
LUI. Tu ne comprends pas? (Il prend en souriant la bouteille de champagne.) Il nous reste ? finir le champagne.
FIN
Aimer a perdre la mеmoire
Любовь до потери памяти
Comеdie en deux actes
? PROPOS
Un homme souffrant d’amnеsie se prеsente dans le cabinet d’un mеdecin pour avoir son aide. Le mеdecin essaie de dеceler les sympt?mes et les causes de la maladie, mais en vain : les rеponses du patient sont tellement contradictoires qu’il est impossible d’obtenir quelque chose de sensе. Heureusement, il rеussit ? faire venir la femme du malade. Elle rеpond ? toutes les questions avec clartе et assurance, mais il ressort de ses affirmations que le docteur aussi souffre d’amnеsie. La situation s’embrouille davantage encore lorsqu’appara?t une autre femme dеclarant aussi qu’elle est l’еpouse du patient. La situation tourne ? l’absurditе totale. Le docteur devient presque fou. Cette comеdie dynamique et burlesque, vive et sans temps mort, conna?t un dеnouement inattendu. La pi?ce est mise en sc?ne dans de nombreux thе?tres de Russie et d’autres pays. 3 hommes, 2 femmes. Intеrieur.
Personnages
LE DOCTEUR
MICHEL
JEANNE
IR?NE
L’HOMME
L’?ge des personnages n’est pas d’une importance dеcisive. Il est fort probable qu’ils aient la quarantaine, le Docteur et l’Homme еtant un peu plus (ou beaucoup plus) ?gеs.
ACTE I
Le cabinet d’un Docteur richement meublе, rappelant un salon еlеgant plut?t qu’une salle mеdicale stеrile. Dans un confortable fauteuil, derri?re son bureau, s’est installе le Docteur en personne, un homme dans la fleur de l’?ge bien habillе, qui en impose et tr?s s?r de lui. Entre un Visiteur.
LE VISITEUR. Docteur, je souffre d’amnеsie.
LE DOCTEUR. Depuis quand ?
LE VISITEUR. « Depuis quand quoi » ?
LE DOCTEUR. Depuis quand souffrez-vous d’amnеsie ?
LE VISITEUR. (Mettant son esprit ? la torture.) Je ne m’en souviens pas.
LE DOCTEUR. Bien. Je veux dire : c’est tr?s mauvais. Mais rien n’est irrеparable. L’essentiel est que vous soyez venu voir le bon mеdecin. Celui qui vous guеrira. Des mеdecins qui soignent, on n’en trouve pas tant que ?a. Et qui guеrissent, pas du tout. Еtablissons, comme il se doit, une fiche mеdicale. (Il commence ? entrer les donnеes dans l’ordinateur.) Et donc, vous souffrez d’amnеsie.
LE VISITEUR. Comment le savez-vous ?
LE DOCTEUR. Vous venez juste de me le dire vous-m?me.
LE VISITEUR. Ah, oui ? C’est tr?s regrettable. En fait, je le cache pour ne pas me crеer d’ennuis.
LE DOCTEUR. Ne vous inquiеtez pas, cela restera entre nous. Secret professionnel. Votre nom ?
LE VISITEUR. Mon nom ? (Mettant son esprit ? la torture.) J’ai oubliе.
LE DOCTEUR. (Rassurant.) Ne vous inquiеtez pas, ce n’est pas catastrophique. Avez-vous sur vous votre carte d’identitе ou un document attestant de votre identitе ?
LE VISITEUR. Oui, bien s?r. (Il fouille dans ses poches.) J’ai peur de l’avoir laissеe ? la maison.
LE DOCTEUR. En toute honn?tetе, vous ne me facilitez pas la t?che.
LE VISITEUR. J’ignore moi-m?me comment c’est advenu. Je me souviens que mon nom est tr?s courant.
LE DOCTEUR. T?chons de nous souvenir. Nicolas, peut-?tre ?
LE VISITEUR. (Incertain.) Peut-?tre.
LE DOCTEUR. Ou Serge ?
LE VISITEUR. Je ne sais pas.
LE DOCTEUR. Et votre nom de famille ? Oubliе aussi ?
LE VISITEUR. Et le nom de famille aussi. Mais ne vous inquiеtez pas. Je dois avoir sur moi une note avec mon nom et mon adresse. Ma femme me glisse toujours cette note dans la poche, quand je sors. (Il cherche dans ses poches et trouve un petit papier. Triomphant.) Tenez, vous voyez ? Vous allez savoir comment je m’appelle.
LE DOCTEUR. (Il dеplie et lit la note.) Voyons voir… Un numеro de tеlеphone… Et un nom, l?. « Ir?ne ». (Perplexe.) Mais ce n’est pas votre prеnom !
LE VISITEUR. Vous ?tes s?r ?
LE DOCTEUR. Et vous non ? Vous ?tes un homme, enfin !
LE VISITEUR. Comment le savez-vous ? Je vous l’ai dit ?
LE DOCTEUR. Vous ne le savez pas vous-m?me ?
LE VISITEUR. Que je suis un homme ? Si vous l’affirmez, je vous crois. (Il rеflеchit.) Si Ir?ne n’est pas mon prеnom, alors de qui est-ce le prеnom ?
LE DOCTEUR. (Commen?ant ? s’еnerver.) C’est justement ce que je voulais vous demander.
LE VISITEUR. Probablement, est-ce le prеnom de ma femme.
LE DOCTEUR. Que signifie « probablement » ? Vous ne vous rappelez pas le prеnom de votre femme ?