Оценить:
 Рейтинг: 0

Bel-Ami / Милый друг

Год написания книги
1885
Теги
<< 1 2 3 4 5 6 7 8 ... 41 >>
На страницу:
4 из 41
Настройки чтения
Размер шрифта
Высота строк
Поля
Le grand s'avan?ait d'abord, ? pas courts et rapides, en souriant, et saluait avec un mouvement de la main comme pour envoyer un baiser.

On voyait, sous le maillot, se dessiner les muscles des bras et des jambes; il gonflait sa poitrine pour dissimuler son estomac trop saillant; et sa figure semblait celle d'un gar?on coiffeur, car une raie soignеe ouvrait sa chevelure en deux parties еgales, juste au milieu du cr?ne. Il atteignait le trap?ze d'un bond gracieux, et, pendu par les mains, tournait autour comme une roue lancеe; ou bien, les bras roides, le corps droit, il se tenait immobile, couchе horizontalement dans le vide, attachе seulement ? la barre fixe par la force des poignets.

Puis il sautait ? terre, saluait de nouveau en souriant sous les applaudissements de l'orchestre, et allait se coller contre le dеcor, en montrant bien, ? chaque pas, la musculature de sa jambe.

Le second, moins haut, plus trapu, s'avan?ait ? son tour et rеpеtait le m?me exercice, que le dernier recommen?ait encore, au milieu de la faveur plus marquеe du public.

Mais Duroy ne s'occupait gu?re du spectacle, et, la t?te tournеe, il regardait sans cesse derri?re lui le grand promenoir plein d'hommes et de prostituеes.

Forestier lui dit:

– Remarque donc l'orchestre: rien que des bourgeois avec leurs femmes et leurs enfants, de bonnes t?tes stupides qui viennent pour voir. Aux loges, des boulevardiers, quelques artistes, quelques filles de demi-choix; et, derri?re nous, le plus dr?le de mеlange qui soit dans Paris. Quels sont ces hommes? Observe-les. Il y a de tout, de toutes les professions et de toutes les castes, mais la crapule domine. Voici des employеs, employеs de banque, de magasin, de minist?re, des reporters, des souteneurs, des officiers en bourgeois, des gommeux en habit, qui viennent de d?ner au cabaret et qui sortent de l'Opеra avant d'entrer aux Italiens, et puis encore tout un monde d'hommes suspects qui dеfient l'analyse. Quant aux femmes, rien qu'une marque: la soupeuse de l'Amеricain, la fille ? un ou deux louis qui guette l'еtranger de cinq louis et prеvient ses habituеs quand elle est libre. On les conna?t toutes depuis six ans; on les voit tous les soirs, toute l'annеe, aux m?mes endroits, sauf quand elles font une station hygiеnique ? Saint-Lazare ou ? Lourcine.

Duroy n'еcoutait plus. Une de ces femmes, s'еtant accoudеe ? leur loge, le regardait. C'еtait une grosse brune ? la chair blanchie par la p?te, ? l'Cil noir, allongе, soulignе par le crayon, encadrе sous des sourcils еnormes et factices. Sa poitrine, trop forte, tendait la soie sombre de sa robe; et ses l?vres peintes, rouges comme une plaie, lui donnaient quelque chose de bestial, d'ardent, d'outrе, mais qui allumait le dеsir cependant.

Elle appela, d'un signe de t?te, une de ses amies qui passait, une blonde aux cheveux rouges, grasse aussi, et elle lui dit d'une voix assez forte pour ?tre entendue:

– Tiens, v'l? un joli gar?on: s'il veut de moi pour dix louis, je ne dirai pas non.

Forestier se retourna, et, souriant, il tapa sur la cuisse de Duroy:

– C'est pour toi, ?a: tu as du succ?s, mon cher. Mes compliments.

L'ancien sous-off avait rougi; et il t?tait, d'un mouvement machinal du doigt, les deux pi?ces d'or dans la poche de son gilet.

Le rideau s'еtait baissе; l'orchestre maintenant jouait une valse.

Duroy dit:

– Si nous faisions un tour dans la galerie?

– Comme tu voudras.

Ils sortirent, et furent aussit?t entra?nеs dans le courant des promeneurs. Pressеs, poussеs, serrеs, ballottеs, ils allaient, ayant devant les yeux un peuple de chapeaux. Et les filles, deux par deux, passaient dans cette foule d'hommes, la traversaient avec facilitе, glissaient entre les coudes, entre les poitrines, entre les dos, comme si elles eussent еtе bien chez elles, bien ? l'aise, ? la fa?on des poissons dans l'eau, au milieu de ce flot de m?les.

Duroy, ravi, se laissait aller, buvait avec ivresse l'air viciе par le tabac, par l'odeur humaine et les parfums des dr?lesses. Mais Forestier suait, soufflait, toussait.

– Allons au jardin, dit-il.

Et, tournant ? gauche, ils pеnеtr?rent dans une esp?ce de jardin couvert, que deux grandes fontaines de mauvais go?t rafra?chissaient. Sous des ifs et des thuyas en caisse, des hommes et des femmes buvaient sur des tables de zinc.

– Encore un bock? demanda Forestier.

– Oui, volontiers.

Ils s'assirent en regardant passer le public.

De temps en temps, une r?deuse s'arr?tait, puis demandait avec un sourire banal: «M'offrez-vous quelque chose, monsieur?» Et comme Forestier rеpondait: «Un verre d'eau ? la fontaine», elle s'еloignait en murmurant: «Va donc, mufle!»

Mais la grosse brune qui s'еtait appuyеe tout ? l'heure derri?re la loge des deux camarades reparut, marchant arrogamment, le bras passе sous celui de la grosse blonde. Cela faisait vraiment une belle paire de femmes, bien assorties.

Elle sourit en apercevant Duroy, comme si leurs yeux se fussent dit dеj? des choses intimes et secr?tes; et, prenant une chaise, elle s'assit tranquillement en face de lui et fit asseoir son amie, puis elle commanda d'une voix claire:

– Gar?on, deux grenadines!

Forestier, surpris, pronon?a:

– Tu ne te g?nes pas, toi!

Elle rеpondit:

– C'est ton ami qui me sеduit. C'est vraiment un joli gar?on. Je crois qu'il me ferait faire des folies!

Duroy, intimidе, ne trouvait rien ? dire. Il retroussait sa moustache frisеe en souriant d'une fa?on niaise. Le gar?on apporta les sirops, que les femmes burent d'un seul trait; puis elles se lev?rent, et la brune, avec un petit salut amical de la t?te et un lеger coup d'еventail sur le bras, dit ? Duroy:

– Merci, mon chat. Tu n'as pas la parole facile.

Et elles partirent en balan?ant leur croupe.

Alors Forestier se mit ? rire:

– Dis donc, mon vieux, sais-tu que tu as vraiment du succ?s aupr?s des femmes? Il faut soigner ?a. ?a peut te mener loin.

Il se tut une seconde, puis reprit, avec ce ton r?veur des gens qui pensent tout haut:

– C'est encore par elles qu'on arrive le plus vite.

Et comme Duroy souriait toujours sans rеpondre, il demanda:

– Est-ce que tu restes encore? Moi, je vais rentrer, j'en ai assez.

L'autre murmura:

– Oui, je reste encore un peu. Il n'est pas tard.

Forestier se leva:

– Eh bien! adieu, alors. ? demain. N'oublie pas? 17, rue Fontaine, sept heures et demie.

– C'est entendu; ? demain. Merci.

Ils se serr?rent la main, et le journaliste s'еloigna.

D?s qu'il eut disparu, Duroy se sentit libre, et de nouveau il t?ta joyeusement les deux pi?ces d'or dans sa poche; puis, se levant, il se mit ? parcourir la foule qu'il fouillait de l'Cil.

Il les aper?ut bient?t, les deux femmes, la blonde et la brune, qui voyageaient toujours de leur allure fi?re de mendiantes, ? travers la cohue des hommes.

Il alla droit sur elles, et quand il fut tout pr?s, il n'osa plus.

<< 1 2 3 4 5 6 7 8 ... 41 >>
На страницу:
4 из 41