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Bel-Ami / Милый друг

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1885
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Et comme ils s'en allaient, ils rencontr?rent un petit homme ? longs cheveux, gros, d'aspect malpropre, qui montait les marches en soufflant.

Forestier salua tr?s bas:

– Norbert de Varenne, dit-il, le po?te, l'auteur des Soleils morts, encore un homme dans les grands prix. Chaque conte qu'il nous donne co?te trois cents francs, et les plus longs n'ont pas deux cents lignes. Mais entrons au Napolitain, je commence ? crever de soif.

D?s qu'ils furent assis devant la table du cafе, Forestier cria: «Deux bocks», et il avala le sien d'un seul trait, tandis que Duroy buvait la bi?re ? lentes gorgеes, la savourant et la dеgustant, comme une chose prеcieuse et rare.

Son compagnon se taisait, semblait rеflеchir, puis tout ? coup:

– Pourquoi n'essayerais-tu pas du journalisme?

L'autre, surpris, le regarda; puis il dit:

– Mais… c'est que… je n'ai jamais rien еcrit.

– Bah! on essaye, on commence. Moi, je pourrais t'employer ? aller me chercher des renseignements, ? faire des dеmarches et des visites. Tu aurais, au dеbut, deux cent cinquante francs et tes voitures payеes. Veux-tu que j'en parle au directeur?

– Mais certainement que je veux bien.

– Alors, fais une chose, viens d?ner chez moi demain; j'ai cinq ou six personnes seulement, le patron, M. Walter, sa femme, Jacques Rival et Norbert de Varenne, que tu viens de voir, plus une amie de Mme Forestier. Est-ce entendu?

Duroy hеsitait, rougissant, perplexe. Il murmura enfin:

– C'est que… je n'ai pas de tenue convenable.

Forestier fut stupеfait:

– Tu n'as pas d'habit? Bigre! en voil? une chose indispensable pourtant. ? Paris, vois-tu, il vaudrait mieux n'avoir pas de lit que pas d'habit.

Puis, tout ? coup, fouillant dans la poche de son gilet, il en tira une pincеe d'or, prit deux louis, les posa devant son ancien camarade, et, d'un ton cordial et familier:

– Tu me rendras ?a quand tu pourras. Loue ou ach?te au mois, en donnant un acompte, les v?tements qu'il te faut; enfin arrange-toi, mais viens d?ner ? la maison, demain, sept heures et demie, 17, rue Fontaine.

Duroy, troublе, ramassait l'argent en balbutiant:

– Tu es trop aimable, je te remercie bien, sois certain que je n'oublierai pas…

L'autre l'interrompit:

– Allons, c'est bon. Encore un bock, n'est-ce pas?

– Et il cria: «Gar?on, deux bocks!»

Puis, quand ils les eurent bus, le journaliste demanda:

– Veux-tu fl?ner un peu, pendant une heure?

– Mais certainement.

Et ils se remirent en marche vers la Madeleine.

– Qu'est-ce que nous ferions bien? demanda Forestier. On prеtend qu'? Paris un fl?neur peut toujours s'occuper; ?a n'est pas vrai. Moi, quand je veux fl?ner, le soir, je ne sais jamais o? aller. Un tour au Bois n'est amusant qu'avec une femme, et on n'en a pas toujours une sous la main; les cafеs-concerts peuvent distraire mon pharmacien et son еpouse, mais pas moi. Alors, quoi faire? Rien. Il devrait y avoir ici un jardin d'еtе, comme le parc Monceau, ouvert la nuit, o? on entendrait de la tr?s bonne musique en buvant des choses fra?ches sous les arbres. Ce ne serait pas un lieu de plaisir, mais un lieu de fl?ne; et on payerait cher pour entrer, afin d'attirer les jolies dames. On pourrait marcher dans des allеes bien sablеes, еclairеes ? la lumi?re еlectrique, et s'asseoir quand on voudrait pour еcouter la musique de pr?s ou de loin. Nous avons eu ? peu pr?s ?a autrefois chez Musard, mais avec un go?t de bastringue et trop d'airs de danse, pas assez d'еtendue, pas assez d'ombre, pas assez de sombre. Il faudrait un tr?s beau jardin, tr?s vaste. Ce serait charmant. O? veux-tu aller?

Duroy, perplexe, ne savait que dire; enfin, il se dеcida:

– Je ne connais pas les Folies-Berg?re. J'y ferais volontiers un tour.

Son compagnon s'еcria:

– Les Folies-Berg?re, bigre? nous y cuirons comme dans une r?tissoire. Enfin, soit, c'est toujours dr?le.

Et ils pivot?rent sur leurs talons pour gagner la rue du Faubourg-Montmartre.

La fa?ade illuminеe de l'еtablissement jetait une grande lueur dans les quatre rues qui se joignent devant elle. Une file de fiacres attendait la sortie.

Forestier entrait, Duroy l'arr?ta:

– Nous oublions de passer au guichet.

L'autre rеpondit d'un ton important:

– Avec moi on ne paye pas.

Quand il s'approcha du contr?le, les trois contr?leurs le salu?rent. Celui du milieu lui tendit la main. Le journaliste demanda:

– Avez-vous une bonne loge?

– Mais, certainement, monsieur Forestier.

Il prit le coupon qu'on lui tendait, poussa la porte matelassеe, ? battants garnis de cuir, et ils se trouv?rent dans la salle.

Une vapeur de tabac voilait un peu, comme un tr?s fin brouillard, les parties lointaines, la sc?ne et l'autre c?tе du thе?tre. Et s'еlevant sans cesse, en minces filets blanch?tres, de tous les cigares et de toutes les cigarettes que fumaient tous ces gens, cette brume lеg?re montait toujours, s'accumulait au plafond, et formait, sous le large d?me, autour du lustre, au-dessus de la galerie du premier chargеe de spectateurs, un ciel ennuagе de fumеe.

Dans le vaste corridor d'entrеe qui m?ne ? la promenade circulaire, o? r?de la tribu parеe des filles, m?lеe ? la foule sombre des hommes, un groupe de femmes attendait les arrivants devant un des trois comptoirs o? tr?naient, fardеes et dеfra?chies, trois marchandes de boissons et d'amour.

Les hautes glaces, derri?re elles, reflеtaient leurs dos et les visages des passants.

Forestier ouvrait les groupes, avan?ait vite, en homme qui a droit ? la considеration.

Il s'approcha d'une ouvreuse:

– La loge dix-sept? dit-il.

– Par ici, monsieur.

Et on les enferma dans une petite bo?te en bois, dеcouverte, tapissеe de rouge, et qui contenait quatre chaises de m?me couleur, si rapprochеes qu'on pouvait ? peine se glisser entre elles. Les deux amis s'assirent; et, ? droite comme ? gauche, suivant une longue ligne arrondie aboutissant ? la sc?ne par les deux bouts, une suite de cases semblables contenait des gens assis еgalement et dont on ne voyait que la t?te et la poitrine.

Sur la sc?ne, trois jeunes hommes en maillot collant, un grand, un moyen, un petit, faisaient, tour ? tour, des exercices sur un trap?ze.

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