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Bel-Ami / Милый друг

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– C'est l'instant d'acheter des tableaux. Les peintres cr?vent de faim. Ils n'ont pas le sou, pas le sou…

Mais Duroy ne voyait rien, entendait sans comprendre. Mme de Marelle еtait l?, derri?re lui. Que devait-il faire? S'il la saluait, n'allait-elle point lui tourner le dos ou lui jeter quelque insolence? S'il ne s'approchait pas d'elle, que penserait-on?

Il se dit: «Je vais toujours gagner du temps.» Il еtait tellement еmu qu'il eut l'idеe un moment de simuler une indisposition subite qui lui permettrait de s'en aller.

La visite des murs еtait finie. Le patron alla reposer sa lampe et saluer la derni?re venue, tandis que Duroy recommen?ait tout seul l'examen des toiles comme s'il ne se f?t pas lassе de les admirer.

Il avait l'esprit bouleversе. Que devait-il faire? Il entendait les voix, il distinguait la conversation. Mme Forestier l'appela:

– Dites donc, monsieur Duroy.

Il courut vers elle. C'еtait pour lui recommander une amie qui donnait une f?te et qui aurait bien voulu une citation dans les Еchos de la Vie Fran?aise.

Il balbutiait:

– Mais certainement, madame, certainement…

Mme de Marelle se trouvait maintenant tout pr?s de lui. Il n'osait point se retourner pour s'en aller.

Tout ? coup, il se crut devenu fou; elle avait dit, ? haute voix:

– Bonjour, Bel-Ami. Vous ne me reconnaissez donc plus?

Il pivota sur ses talons avec rapiditе. Elle se tenait debout devant lui, souriante, l'Cil plein de gaietе et d'affection. Et elle lui tendit la main.

Il la prit en tremblant, craignant encore quelque ruse et quelque perfidie. Elle ajouta avec sеrеnitе:

– Que devenez-vous? On ne vous voit plus.

Il bеgayait, sans parvenir ? reprendre son sang-froid:

– Mais j'ai eu beaucoup ? faire, madame, beaucoup ? faire. M. Walter m'a confiе un nouveau service qui me donne еnormеment d'occupation.

Elle rеpondit, en le regardant toujours en face, sans qu'il p?t dеcouvrir dans son Cil autre chose que de la bienveillance:

– Je le sais. Mais ce n'est pas une raison pour oublier vos amis.

Ils furent sеparеs par une grosse dame qui entrait, une grosse dame dеcolletеe, aux bras rouges, aux joues rouges, v?tue et coiffеe avec prеtention, et marchant si lourdement qu'on sentait, ? la voir aller, le poids et l'еpaisseur de ses cuisses.

Comme on paraissait la traiter avec beaucoup d'еgards, Duroy demanda ? Mme Forestier:

– Quelle est cette personne?

– La vicomtesse de Percemur, celle qui signe: «Patte blanche.»

Il fut stupеfait et saisi par une envie de rire:

– Patte blanche! Patte blanche! Moi qui voyais, en pensеe, une jeune femme comme vous! C'est ?a, Patte blanche? Ah! elle est bien bonne! bien bonne!

Un domestique apparut dans la porte et annon?a:

– Madame est servie.

Le d?ner fut banal et gai, un de ces d?ners o? l'on parle de tout sans rien dire. Duroy se trouvait entre la fille a?nеe du patron, la laide, Mlle Rose, et Mme de Marelle. Ce dernier voisinage le g?nait un peu, bien qu'elle e?t l'air fort ? l'aise et caus?t avec son esprit ordinaire. Il se troubla d'abord, contraint, hеsitant, comme un musicien qui a perdu le ton. Peu ? peu, cependant, l'assurance lui revenait, et leurs yeux, se rencontrant sans cesse, s'interrogeaient, m?laient leurs regards d'une fa?on intime, presque sensuelle, comme autrefois.

Tout ? coup, il crut sentir, sous la table, quelque chose effleurer son pied. Il avan?a doucement la jambe et rencontra celle de sa voisine qui ne recula point ? ce contact. Ils ne parlaient pas, en ce moment, tournеs tous deux vers leurs autres voisins.

Duroy, le cCur battant, poussa un peu plus son genou. Une pression lеg?re lui rеpondit. Alors il comprit que leurs amours recommen?aient.

Que dirent-ils ensuite? Pas grand'chose; mais leurs l?vres frеmissaient chaque fois qu'ils se regardaient.

Le jeune homme, cependant, voulant ?tre aimable pour la fille de son patron, lui adressait une phrase de temps en temps. Elle y rеpondait, comme l'aurait fait sa m?re, n'hеsitant jamais sur ce qu'elle devait dire.

? la droite de M. Walter, la vicomtesse de Percemur prenait des allures de princesse; et Duroy, s'еgayant ? la regarder, demanda tout bas ? Mme de Marelle:

– Est-ce que vous connaissez l'autre, celle qui signe: «Domino rose»?

– Oui, parfaitement: la baronne de Livar?

– Est-elle du m?me cru?

– Non, mais aussi dr?le. Une grande s?che, soixante ans, frisons faux, dents ? l'anglaise, esprit de la Restauration, toilettes m?me еpoque.

– O? ont-ils dеnichе ces phеnom?nes de lettres?

– Les еpaves de la noblesse sont toujours recueillies par les bourgeois parvenus.

– Pas d'autre raison?

– Aucune autre.

Puis une discussion politique commen?a entre le patron, les deux dеputеs, Norbert de Varenne et Jacques Rival; et elle dura jusqu'au dessert.

Quand on fut retournе dans le salon, Duroy s'approcha de nouveau de Mme de Marelle, et, la regardant au fond des yeux:

– Voulez-vous que je vous reconduise, ce soir?

– Non.

– Pourquoi?

– Parce que M. Laroche-Mathieu, qui est mon voisin, me laisse ? ma porte chaque fois que je d?ne ici.

– Quand vous verrai-je?

– Venez dеjeuner avec moi, demain.

Et ils se sеpar?rent sans rien dire de plus.

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