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Bel-Ami / Милый друг

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On frappa bient?t ? sa porte, qu'il venait de refermer. Il ouvrit, et Mme de Marelle se jeta dans la chambre, essoufflеe, affolеe, balbutiant:

– As-tu entendu?

Il fit semblant de ne rien savoir.

– Non, quoi?

– Comme ils m'ont insultеe?

– Qui ?a?

– Les misеrables qui habitent au-dessous.

– Mais non, qu'est-ce qu'il y a, dis-moi?

Elle se mit ? sangloter sans pouvoir prononcer un mot.

Il dut la dеcoiffer, la dеlacer, l'еtendre sur le lit, lui tapoter les tempes avec un linge mouillе: elle suffoquait; puis, quand son еmotion se fut un peu calmеe, toute sa col?re indignеe еclata.

Elle voulait qu'il descend?t tout de suite, qu'il se batt?t, qu'il les tu?t.

Il rеpеtait:

– Mais ce sont des ouvriers, des rustres. Songe qu'il faudrait aller en justice, que tu pourrais ?tre reconnue, arr?tеe, perdue. On ne se commet pas avec des gens comme ?a.

Elle passa ? une autre idеe:

– Comment ferons-nous, maintenant? Moi, je ne peux pas rentrer ici.

Il rеpondit:

– C'est bien simple, je vais dеmеnager.

Elle murmura:

– Oui, mais ce sera long.

Puis, tout d'un coup, elle imagina une combinaison, et, rassеrеnеe brusquement:

– Non, еcoute, j'ai trouvе, laisse-moi faire, ne t'occupe de rien. Je t'enverrai un petit bleu demain matin.

Elle appelait des «petits bleus» les tеlеgrammes fermеs circulant dans Paris.

Elle souriait maintenant, ravie de son invention, qu'elle ne voulait pas rеvеler; et elle fit mille folies d'amour.

Elle еtait bien еmue cependant, en redescendant l'escalier, et elle s'appuyait de toute sa force sur le bras de son amant, tant elle sentait flеchir ses jambes.

Ils ne rencontr?rent personne.

Comme il se levait tard, il еtait encore au lit, le lendemain vers onze heures, quand le facteur du tеlеgraphe lui apporta le petit bleu promis.

Duroy l'ouvrit et lut:

«Rendez-vous tant?t, cinq heures, rue de Constantinople, 127. Tu te feras ouvrir l'appartement louе par Mme Duroy.

«Clo t'embrasse.»

? cinq heures prеcises, il entrait chez le concierge d'une grande maison meublеe et demandait:

– C'est ici que Mme Duroy a louе un appartement?

– Oui, monsieur.

– Voulez-vous m'y conduire, s'il vous pla?t.

L'homme, habituе sans doute aux situations dеlicates o? la prudence est nеcessaire, le regardait dans les yeux, puis, choisissant dans la longue file de clefs:

– Vous ?tes bien M. Duroy?

– Mais oui, parfaitement.

Et il ouvrit un petit logement composе de deux pi?ces et situе au rez-de-chaussеe, en face de la loge.

Le salon, tapissе de papier ramagе, assez frais, possеdait un meuble d'acajou recouvert en reps verd?tre ? dessins jaunes, et un maigre tapis ? fleurs, si mince que le pied sentait le bois par-dessous.

La chambre ? coucher еtait si exigu? que le lit l'emplissait aux trois quarts. Il tenait le fond, allant d'un mur ? l'autre, un grand lit de maison meublеe, enveloppе de rideaux bleus et lourds, еgalement en reps, et еcrasе sous un еdredon de soie rouge maculе de taches suspectes.

Duroy, inquiet et mеcontent, pensait: «?a va me co?ter un argent fou, ce logis-l?. Il va falloir que j'emprunte encore. C'est idiot, ce qu'elle a fait.»

La porte s'ouvrit, et Clotilde se prеcipita en coup de vent, avec un grand bruit de robe, les bras ouverts. Elle еtait enchantеe:

– Est-ce gentil, dis, est-ce gentil? Et pas ? monter, c'est sur la rue, au rez-de-chaussеe! On peut entrer et sortir par la fen?tre sans que le concierge vous voie. Comme nous nous aimerons, l? dedans!

Il l'embrassait froidement, n'osant faire la question qui lui venait aux l?vres.

Elle avait posе un gros paquet sur le guеridon, au milieu de la pi?ce. Elle l'ouvrit et en tira un savon, une bouteille d'eau de Lubin, une еponge, une bo?te d'еpingles ? cheveux, un tire-bouchon et un petit fer ? friser pour rajuster les m?ches de son front qu'elle dеfaisait toutes les fois.

Et elle joua ? l'installation, cherchant la place de chaque chose, s'amusant еnormеment.

Elle parlait tout en ouvrant les tiroirs:

– Il faudra que j'apporte un peu de linge, pour pouvoir en changer ? l'occasion. Ce sera tr?s commode. Si je re?ois une averse, par hasard, en faisant des courses, je viendrai me sеcher ici. Nous aurons chacun notre clef, outre celle laissеe dans la loge pour le cas o? nous oublierions les n?tres. J'ai louе pour trois mois, ? ton nom, bien entendu, puisque je ne pouvais donner le mien.

Alors il demanda:

– Tu me diras quand il faudra payer?

Elle rеpondit simplement:

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