« Madame, lui dit enfin le prince avec une voix tr?s faible, je ne suis pas assez dеnaturе pour dеsirer la couronne de mon p?re ; plaise au ciel qu’il vive de longues annеes, et qu’il veuille bien que je sois longtemps le plus fid?le et le plus respectueux de ses sujets ! Quant aux princesses que vous m’offrez, je n’ai point encore pensе ? me marier ; et vous pensez bien que, soumis comme je le suis ? vos volontеs, je vous obеirai toujours, quoi qu’il m’en co?te. – Ah ! mon fils, reprit la reine, rien ne me co?tera pour te sauver la vie ; mais, mon cher fils, sauve la mienne et celle du roi ton p?re, en me dеclarant ce que tu dеsires, et sois bien assurе qu’il te sera accordе. – Eh bien ! madame, dit-il, puisqu’il faut vous dеclarer ma pensеe, je vais vous obеir ; je me ferais un crime de mettre en danger deux ?tres qui me sont si chers. Oui, ma m?re, je dеsire que Peau-d’?ne me fasse un g?teau, et que, d?s qu’il sera fait, on me l’apporte. » La reine, еtonnеe de ce nom bizarre, demanda qui еtait cette Peau-d’?ne. « C’est, madame, reprit un de ses officiers qui par hasard avait vu cette fille, c’est la plus vilaine b?te apr?s le loup ; une peau noire, une crasseuse, qui loge dans votre mеtairie et qui garde vos dindons. – N’importe, dit la reine : mon fils, au retour de la chasse, a peut-?tre mangе de sa p?tisserie ; c’est une fantaisie de malade ; en un mot, je veux que Peau-d’?ne (puisque Peau-d’?ne il y a) lui fasse promptement un g?teau. »
On courut ? la mеtairie, et l’on fit venir Peau-d’?ne, pour lui ordonner de faire de son mieux un g?teau pour le prince.
11. Intitulez ce fragment et faites le devoir !
Quelques auteurs ont assurе que Peau-d’?ne, au moment que ce prince avait mis l’Cil ? la serrure, les siens l’avaient aper?u : et puis, que regardant par sa petite fen?tre, elle avait vu ce prince si jeune, si beau et si bien fait, que l’idеe lui en еtait restеe, et que souvent ce souvenir lui avait co?tе quelques soupirs. Quoi qu’il en soit, Peau-d’?ne l’ayant vu, ou en ayant beaucoup entendu parler avec еloge, ravie de pouvoir trouver un moyen d’?tre connue, s’enferma dans sa chambre, jeta sa vilaine peau, se dеcrassa le visage et les mains, se coiffa de ses blonds cheveux, mit un beau corset d’argent brillant, un jupon pareil, et se mit ? faire le g?teau tant dеsirе : elle prit de la plus pure farine, des Cufs et du beurre bien frais. En travaillant, soit de dessein ou autrement, une bague qu’elle avait au doigt tomba dans la p?te, s’y m?la ; et d?s que le g?teau fut cuit, s’affublant de son horrible peau, elle donna le g?teau ? l’officier, ? qui elle demanda des nouvelles du prince ; mais cet homme, ne daignant pas lui rеpondre, courut chez le prince lui porter ce g?teau.
Le prince le prit avidement des mains de cet homme, et le mangea avec une telle vivacitе, que les mеdecins, qui еtaient prеsents, ne manqu?rent pas de dire que cette fureur n’еtait pas un bon signe : effectivement, le prince pensa s’еtrangler par la bague qu’il trouva dans un des morceaux du g?teau ; mais il la tira adroitement de sa bouche : et son ardeur ? dеvorer ce g?teau se ralentit, en examinant cette fine еmeraude, montеe sur un jonc d’or, dont le cercle еtait si еtroit, qu’il jugea ne pouvoir servir qu’au plus joli doigt du monde.
12. Lisez ce passage et dites si vous savez dеj? comment guеrira le prince. Faites le devoir !
Il baisa mille fois cette bague, la mit sous son chevet, et l’en tirait ? tout moment, quand il croyait n’?tre vu de personne. Le tourment qu’il se donna, pour imaginer comment il pourrait voir celle ? qui cette bague pouvait aller ; et n’osant croire, s’il demandait Peau-d’?ne, qui avait fait ce g?teau qu’il avait demandе, qu’on lui accord?t de la faire venir, n’osant non plus dire ce qu’il avait vu par le trou de la serrure, de crainte qu’on se moqu?t de lui, et qu’on le pr?t pour un visionnaire, toutes ces idеes le tourmentant ? la fois, la fi?vre le reprit fortement ; et les mеdecins, ne sachant plus que faire, dеclar?rent ? la reine que le prince еtait malade d’amour.
La reine accourut chez son fils, avec le roi, qui se dеsolait : « Mon fils, mon cher fils, s’еcria le monarque affligе, nomme-nous celle que tu veux ; nous jurons que nous te la donnerons, f?t-elle la plus vile des esclaves. » La reine, en l’embrassant, lui confirma le serment du roi. Le prince, attendri par les larmes et les caresses des auteurs de ses jours : « Mon p?re et ma m?re, leur dit-il, je n’ai point dessein de faire une alliance qui vous dеplaise ; et pour preuve de cette vеritе, dit-il en tirant l’еmeraude de dessous son chevet, c’est que j’еpouserai la personne ? qui cette bague ira, telle qu’elle soit ; et il n’y a pas apparence que celle qui aura ce joli doigt soit une rustaude ou une paysanne. »
Le roi et la reine prirent la bague, l’examin?rent curieusement, et jug?rent, ainsi que le prince, que cette bague ne pouvait aller qu’? quelque fille de bonne maison. Alors le roi ayant embrassе son fils, en le conjurant de guеrir, sortit, fit sonner les tambours, les fifres et les trompettes par toute la ville, et crier par ses hеrauts que l’on n’avait qu’? venir au palais essayer une bague, et que celle ? qui elle irait juste еpouserait l’hеritier du tr?ne.
13. Intitulez ce fragment et faites le devoir !
Les princesses d’abord arriv?rent, puis les duchesses, les marquises et les baronnes ; mais elles eurent beau toutes s’amenuiser les doigts, aucune ne put mettre la bague. Il en fallut venir aux grisettes, qui, toutes jolies qu’elles еtaient, avaient toutes les doigts trop gros. Le prince, qui se portait mieux, faisait lui-m?me l’essai. Enfin, on en vint aux filles de chambre ; elles ne rеussirent pas mieux. Il n’y avait plus personne qui n’e?t essayе cette bague sans succ?s, lorsque le prince demanda les cuisini?res, les marmitonnes, les gardeuses de moutons : on amena tout cela ; mais leurs gros doigts rouges et courts ne purent seulement aller par-del? l’ongle.
« A-t-on fait venir cette Peau-d’?ne, qui m’a fait un g?teau ces jours derniers ? » dit le prince. Chacun se prit ? rire, et lui dit que non, tant elle еtait sale et crasseuse. « Qu’on l’aille chercher tout ? l’heure, dit le roi ; il ne sera pas dit que j’aie exceptе quelqu’un. » On courut, en riant et se moquant, chercher la dindonni?re.
14. Intitulez ce fragment et faites le devoir !
L’infante, qui avait entendu les tambours et le cri des hеrauts d’armes, s’еtait bien doutеe que sa bague faisait ce tintamarre : elle aimait le prince ; et, comme le vеritable amour est craintif et n’a point de vanitе, elle еtait dans la crainte continuelle que quelque dame n’e?t le doigt aussi menu que le sien. Elle eut donc une grande joie quand on vint la chercher et qu’on heurta ? sa porte. Depuis qu’elle avait su qu’on cherchait un doigt propre ? mettre sa bague, je ne sais quel espoir l’avait portеe ? se coiffer plus soigneusement, et ? mettre son beau corps d’argent, avec le jupon plein de falbalas, de dentelles d’argent, semе d’еmeraudes. Sit?t qu’elle entendit qu’on heurtait ? la porte, et qu’on l’appelait pour aller chez le prince, elle remit promptement sa peau d’?ne, ouvrit sa porte ; et ces gens, en se moquant d’elle, lui dirent que le roi la demandait pour lui faire еpouser son fils, puis, avec de longs еclats de rire, ils la men?rent chez le prince, qui, lui-m?me, еtonnе de l’accoutrement de cette fille, n’osa croire que ce f?t elle qu’il avait vue si pompeuse et si belle. Triste et confondu de s’?tre si lourdement trompе : « Est-ce vous, lui dit-il, qui logez au fond de cette allеe obscure, dans la troisi?me basse-cour de la mеtairie ? – Oui, seigneur, rеpondit-elle. – Montrez-moi votre main, » dit-il en tremblant et poussant un profond soupir… Dame ! qui fut bien surpris ? Ce furent le roi et la reine, ainsi que tous les chambellans et les grands de la cour, lorsque de dessous cette peau noire et crasseuse sortit une petite main dеlicate, blanche et couleur de rose, o? la bague s’ajusta sans peine au plus joli petit doigt du monde ; et par un petit mouvement que l’infante se donna, la peau tomba, et elle parut d’une beautе si ravissante, que le prince, tout faible qu’il еtait, se mit ? ses genoux, et les serra avec une ardeur qui la fit rougir ; mais on ne s’en aper?ut presque pas, parce que le roi et la reine vinrent l’embrasser de toute leur force, et lui demander si elle voulait bien еpouser leur fils. La princesse, confuse de tant de caresses et de l’amour que lui marquait ce beau jeune prince, allait cependant les en remercier, lorsque le plafond s’ouvrit, et que la fеe des Lilas, descendant dans un char fait de branches et de fleurs de son nom, conta, avec une gr?ce infinie, l’histoire de l’infante. Le roi et la reine, charmеs de voir que Peau-d’?ne еtait une grande princesse, redoubl?rent leurs caresses ; mais le prince fut encore plus sensible ? la vertu de la princesse, et son amour s’accrut par cette connaissance.
15. Intitulez ce fragment et faites le devoir !
L’impatience du prince, pour еpouser la princesse, fut telle, qu’? peine donna-t-il le temps de faire les prеparatifs convenables pour cet auguste hymеnеe. Le roi et la reine, qui еtaient affolеs de leur belle-fille, lui faisaient mille caresses, et la tenaient incessamment dans leurs bras ; elle avait dеclarе qu’elle ne pouvait еpouser le prince sans le consentement du roi son p?re : aussi fut-il le premier ? qui on envoya une invitation, sans lui dire qu’elle еtait l’еpousеe ; la fеe des Lilas, qui prеsidait ? tout, comme de raison, l’avait exigе, ? cause des consеquences. Il vint des rois de tous les pays : les uns en chaise ? porteurs, d’autres en cabriolet ; de plus еloignеs, montеs sur des еlеphants, sur des tigres, sur des aigles ; mais le plus magnifique et le plus puissant fut le p?re de l’infante, qui heureusement avait oubliе son amour dеrеglе, et avait еpousе une reine veuve, fort belle, dont il n’avait point eu d’enfant. L’infante courut au-devant de lui ; il la reconnut aussit?t, et l’embrassa avec une grande tendresse, avant qu’elle e?t le temps de se jeter ? ses genoux. Le roi et la reine lui prеsent?rent leur fils, qu’il combla d’amitiеs. Les noces se firent avec toute la pompe imaginable. Les jeunes еpoux, peu sensibles ? ces magnificences, ne virent et ne regard?rent qu’eux.
Le roi, p?re du prince, fit couronner son fils ce m?me jour, et, lui baisant la main, le pla?a sur son tr?ne, malgrе la rеsistance de ce fils si bien nе : il lui fallut obеir. Les f?tes de cet illustre mariage dur?rent pr?s de trois mois ; mais l’amour des deux еpoux durerait encore, tant ils s’aimaient, s’ils n’еtaient pas morts cent ans apr?s.
16. Reconstituez l’ordre correct des images !
17. Retrouvez les fragments du conte qui conviennent ? six images du tableau ci-dessus !
18. Qu’en pensez-vous, quels fragments du conte peuvent illustrer les autres images ?
19. Choisissez les questions qui conviennent ? chaque image suivante et rеpondez-y !
20. Comparez l’image 3 (l’infante est en peau d’?ne) et l’image 4 (elle est en belle tenue) ! Rappelez-vous ce que dit le conte sur le prince !
Questionnaire
1. Qui est l’infante ? Avec qui vit-elle ?
2. Quel chagrin fait fondre le roi en larmes ? Quel serment donne-t-il ? la reine ?
3. Qu’est-ce qui pousse le roi ? prendre cette affreuse dеcision de se remarier ? Pourquoi cette dеcision est tellement effroyable ?
4. Chez qui court l’infante pour avoir conseil ?
5. Comment arrive-t-il que l’infante quitte son royaume ?
6. Pourquoi tous appellent la jeune princesse Peau-d’?ne ?
7. O? trouve-t-elle un abri ?
8. Qu’est-ce qu’elle doit faire pour pouvoir survivre ?
9. Quelle sc?ne voit le prince qui revient de la chasse ?
10. Pourquoi tombe-t-il malade ?
11. Qu’est-ce qui aide le prince ? retrouver sa princesse ?
12. Pourquoi la princesse ne veut-elle pas se marier ?
13. Quel r?le joue la fеe dans cette situation ?
14. Comment finit le conte ?
Grammaire
Союзы
и
вводные
слова
Союзы времени когда (quand), как только (d?s que, lorsque, sit?tque, aussit?tque), в то время как (pendant и pendantque), с тех пор как depuisque служат для обозначения последовательности событий или действий и вводят придаточное предложение времени. Pendant употребляется в независимом предложении. Например: Pendant ce temps l’infante cheminait. – В это время (в течение этого времени) инфанта брела. Союзы причины так как, поскольку (car, comme), потому что (parceque, puisque) служат для указания на причину происходящего и вводят придаточное предложение причины; такое предложение может быть вводным и отделяться запятыми или быть заключённым в скобки. Например: N’importe, dit la reine : mon fils, au retour de la chasse, a peut-?tre mangе de sa p?tisserie ; c’est une fantaisie de malade ; en un mot, je veux que Peau-d’?ne (puisque Peau-d’?ne il y a) lui fasse promptement un g?teau. – Неважно, – сказала королева, – я хочу, чтобы Ослиная шкура (поскольу Ослиная шкура существует) быстро приготовила ему пирог.
Однако, между тем, всё же (or, cependant) выражает противопоставление и является средством сложносочиненной связи наряду с союзами и (et), но (mais) т.е. соединяет два независимых предложения в одно сложное, или является вводным словом. Например: Or, comme les vicissitudes de la vie s’еtendent aussi bien sur les rois que sur les sujets, et que toujours les biens sont m?lеs de quelques maux, le ciel permit que la reine f?t tout ? coup attaquеe d’une ?pre maladie, pour laquelle, malgrе la science et l’habiletе des mеdecins, on ne put trouver aucun secours. – Впрочем, поскольку превратности судьбы касаются так же замечательно королей, как и их слуг, и постоянно добро сопровождает и зло, небо позволило, чтобы королеву атаковал жуткий недуг, от которого, вопреки науке и умению врачей, не смогли найти никакого лекарства.
К союзным словам и выражениям относятся quoique и bien que; они выражают уступку (хотя, не смотря на то что) и требуют глагол, стоящий в сослагательном наклонении (subjonctif). Например: Quoique le roi f?t еtonnе de cette fantaisie, il ne balan?a pas ? la satisfaire. – Хоть король и был удивлён такой фантазии, он без колебаний удовлетворил её.
К вводным словам относятся, также, слова тоже, итак, тогда, таким образом, так, …так и (aussi, alors, ainsi, ainsique), наконец, в конце концов (enfin). Они служат для выражения итога и как cependant могут быть средством сложносочинённой связи. Например: Alors le roi ayant embrassе son fils, en le conjurant de guеrir, sortit, fit sonner les tambours, les fifres et les trompettes par toute la ville, et crier par ses hеrauts que l’on n’avait qu’? venir au palais essayer une bague, et que celle ? qui elle irait juste еpouserait l’hеritier du tr?ne. – Тогда король, обняв сына и умоляя его выздоравливать, вышел, приказал звонить в барабаны, дудки и трубы по всему городу и кричать своим глашатаям, что следует лишь прийти во дворец померить кольцо и та, которой оно будет в пору выйдет замуж за наследника трона.