They judge with fury, but they write with flegm:
NOR SUFFERS HORACE MORE IN WRONG TRANSLATIONS
By Wits, THAN CRITICKS IN AS WRONG QUOTATIONS.
Essay on Criticism.
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I have now compleated my observations on this popular Work of Horace, of which I at first attempted the version and illustration, as a matter of amusement but which, I confess, I have felt, in the progress, to be an arduous undertaking, and a laborious task. Such parts of the Epistle, as corresponded with the general ideas of Modern Poetry, and the Modern Drama, I flattered myself with the hopes of rendering tolerable to the English Reader; but when I arrived at those passages, wholly relative to the Antient Stage, I began to feel my friends dropping off, and leaving me a very thin audience. My part too grew less agreeable, as it grew more difficult. I was almost confounded in the Serio-Comick scenes of the Satyrick Piece: In the musical department I was ready, with Le Fevre, to execrate the Flute, and all the Commentators on it; and when I found myself reduced to scan the merits and of Spondees and Trimeters, I almost fancied myself under the dominion of some plagosus Orbilius, and translating the prosodia of the Latin Grammar. Borrowers and Imitators cull the sweets, and suck the classick flowers, rejecting at pleasure all that appears sour, bitter, or unpalatable. Each of them travels at his ease in the high turnpike-road of poetry, quoting the authority of Horace himself to keep clear of difficulties;
—et que Desperat tractata nitescere posse, relinquit.
A translator must stick close to his Author, follow him up hill and down dale, over hedge and ditch, tearing his way after his leader thro' the thorns and brambles of literature, sometimes lost, and often benighted.
A master I have, and I am his man,
Galloping dreary dun!
The reader, I fear, will fancy I rejoice too much at having broke loose from my bondage, and that I grow wanton with the idea of having regained my liberty. I shall therefore engage an advocate to recommend me to his candour and indulgence; and as I introduced these notes with some lines from a noble Poet of our own country, I shall conclude them with an extract from a French Critick: Or, if I may speak the language of my trade, as I opened these annotations with a Prologue from Roscommon, I shall drop the curtain with an Epilogue from Dacier. Another curtain now demands my attention. I am called from the Contemplation of Antient Genius, to sacrifice, with due respect, to Modern Taste: I am summoned from a review of the magnificent spectacles of Greece and Rome, to the rehearsal of a Farce at the Little Theatre in the Haymarket.
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Voila tout ce que j'ai cru necessaire pour l'intelligence de la Poetique d'Horace! si Jule Scaliger l'avoit bien entendue, il lui auroit rendu plus de justice, & en auroit parlé plus modestment. Mais il ne s'eflort pat donnê la temps de le bien comprendre. Ce Livre estoit trop petit pour estre gouté d'un homme comme lui, qui faisoit grand cas des gros volumes, & qui d'ailleurs aimoit bien mieux donner des regles que d'en recevoir. Sa Poetique est assurément un ouvrage d'une erudition infinie; on y trouve par tout des choses fort rechercheés, & elle est toute pleine de faillies qui marquent beaucoup d'esprit: mais j'oferai dire qu'il n'y a point de justessee dans la pluspart de fes jugemens, & que sa critique n'est pas heureuse. Il devoit un peu plus etudier ces grands maîtres, pour se corriger de ce defaut, qui rendra toujours le plus grand savoir inutile, ou au moins rude &c sec. Comme un homme delicat etanchera mille fois mieux sa soif, & boira avec plus de goût & de plaisir dans un ruisseau dont les eaux seront clairs & pures, que dans un fleuve plein de bourbe & de limon: tout de même, un esprit fin qui ne cherche que la justesse & une certaine fleur de critique, trouvera bien mieux son compte dans ce petite traité d'Horace, qu'il ne le trouverait dans vingt volumes aussi enormes que la Poetique de Scaliger. On peut dire veritablement que celuy qui boit dans cette source pure, plate se proluit auro; & tant pis pour celuy qui ne fait pas le connoistre. Pour moi j'en ai un tres grand cas. Je ne fay si j'auray esté assez heureux pour la bien éclaircir, & pour en dissiper si bien toutes les difficultés, qu'il n'y en reste aucune. Les plus grandes de ces difficultés, viennent des passages qu'Horace a imité des Grecs, ou des allusions qu'il y a faites. Je puis dire au moins que je n'en ay laisse passer aucune sans l'attaqaer; & je pourrais me vanter,
—nec tela nec ullas V'itamsse vices Danaum.
En general je puis dire que malgré la soule des Commentateurs & des Traducteurs, Horace estoit tres-malentendu, & que ses plus beaux endroits estoient défigurés par les mauvais sens qu'on leur avoit donnés jusques icy, & il ne faut paus s'en étonner. La pluspart des gens ne reconnoissent pas tant l'autorité de la raison que celle du grand nombre, pour laquelle ils ont un profond respect. Pour moy qui fay qu'en matiere de critique on ne doit pas comptez les voix, mais les peser; j'avoiie que j'ay secoué ce joug, & que sans m'assijetir au sentiment de personne, j'ay tâché de suivre Horace, & de déméler ce qu'il a dit d'avec ce qu'on luy a fait dire. J'ay mesme toûjours remarqué (& j'en pourrais donner des exemples bien sensibles) que quand des esprits accoûtumés aux cordes, comme dit Montagne, & qui n'osent tenter de franches allures, entreprennent de traduire & de commenter ces excellens Ouvrages, où il y a plus de finesse & plus de mystere qu'il n'en paroist, tout leur travail ne fait que les gâter, & que la seule vertu qu'ayent leurs copies, c'est de nous dégoûter presque des originaux. Comme j'ay pris la liberté de juger du travail de ceux qui m'ont précedé, & que je n'ay pas fait difficulté de les condamner tres-souvent, je declare que je ne trouveray nullement mauvais qu'on juge du mien, & qu'on releve mes fautes: il est difficile qu'il n'y en ait, & mesme beaucoup; si quelqu'un veut donc se donner la peine de me reprendre, & de me faire voir que j'ay mal pris le sens, je me corrigeray avec plaisir: car je ne cherche que la verite, qui n'a jamais blesse personne: au lieu qu'on se trouve tou-jours mal de persister dans son ignorance et dans son erreur.
Dacier
THE END